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Analyses critiques

Études africaines 


Les données des éditeurs pour comprendre le paysage de la recherche

Madeleine Heming Markey | ORCID : 0000-0002-7907-8438

Gestionnaire de portefeuille, Routledge, Taylor & Francis

Madeleine.markey@tandf.co.uk

numéro :

Publier la recherche africaine

Publishing Africa

Kuchapisha utafiti wa Kiafrika

نشر البحوث الأفرقية

GAJ numéro 02 première.jpg.jpg

Publié le :

20 septembre 2024

ISSN : 

3020-0458

07.2024

La recherche ne peut être véritablement inclusive et mondiale que si les voix de tous les lieux, genres, ethnies, origines et domaines d’expérience sont entendues et représentées à toutes les étapes de la production de connaissances et de la publication universitaire. Bien que le processus de publication universitaire joue un rôle clé en soutenant la diffusion et l’impact d’une recherche de haute qualité, il peut également être un facteur de propagation des inégalités. Dans cet article, je réfléchis à cette question : que pouvons-nous apprendre des données des éditeurs sur l’état du paysage de la recherche en études africaines ?

Je considère la façon dont les systèmes et les outils investis par les éditeurs commerciaux permettent de collecter, de rassembler et d’analyser des données détaillées qui répondent à un triple objectif : aider les auteurs à faire des choix éclairés sur les itinéraires de publication, permettre aux éditeurs de revues d’analyser leurs pratiques et de lutter contre les inégalités, et fournir des informations fondées sur des preuves aux éditeurs afin de les aider dans la prise de décision stratégique. Levant le voile sur les données collectées par le grand éditeur Routledge, Taylor & Francis (T&F), cette étude interroge des données exhaustives au sujet des soumissions, du contenu de recherche publié, des taux d’acceptation, des évaluateurs et l’utilisation. Ces données sont collectées à partir des systèmes internes de T&F, des tableaux de bord et des outils de reporting.

L’analyse des données des éditeurs révèle qu’il existe actuellement une tendance à la surreprésentation de certains pays et régions – notamment l’Afrique du Sud, les États-Unis et le Royaume-Uni – dans la publication d’études africaines, et une sous-représentation de la majorité des universitaires basés en Afrique, avec des chiffres inférieurs en termes de soumissions de papiers se transformant en articles publiés, ainsi que moins d’évaluateurs invités. Les données soulignent la nécessité constante pour les éditeurs, les rédacteurs de revues et les partenaires de poursuivre et d’élargir leur travail afin de diversifier tous les aspects du processus de publication.


Mots-clés

Publication académique, publication de revues, production de connaissances, DEI, indicateurs

Plan de l'article

Introduction


La collecte des données


Indicateurs de citation et équipes éditoriales


Résultats


Utilisations


Soumissions


Evaluation par les pairs


Contenu publié


Conclusion


Annexe

Introduction

La recherche ne peut être véritablement inclusive et mondiale que si les voix de tous les lieux, genres, communautés, origines et domaines d’expérience sont entendues et représentées à toutes les étapes de la production de connaissances et de la publication universitaire. Le processus de publication universitaire joue un rôle clé en soutenant la diffusion et l’impact d’une recherche de haute qualité, mais il peut également être un facteur de propagation des inégalités. Collyer (2018) estime que le rôle fondamental de l’édition est de contribuer à l’établissement et au maintien de réseaux de connaissances et de disciplines, mais il insiste aussi sur le fait que l'édition universitaire est « également impliquée dans l’isolement ou la marginalisation de groupes sociaux spécifiques et dans l’inhibition des alternatives à la production dominante de connaissances » (Collyer, 2018, p. 69). Comme tout rédacteur en chef de revue le confirmera sans aucun doute, la gestion efficace d’une revue est une quête complexe et à plusieurs niveaux, qui s’étend bien au-delà des tâches administratives jusqu’à un engagement profond envers les problèmes auxquels est confrontée la communauté de recherche à laquelle elle est intrinsèquement liée. Les études africaines ne sont pas différentes à cet égard, et les questions de diversité, d’inclusion, d’équité et de représentation continuent d’être ancrées dans les processus éditoriaux ainsi que dans les décisions prises au sein des comités de rédaction.
Pour les chercheurs, en particulier ceux en début de carrière, le processus de publication des revues peut paraître flou, les chercheurs considérant le chemin vers la publication comme étant obscurci par des processus et des systèmes mystérieux tenus par des éditeurs, membres de comités de rédaction et évaluateurs énigmatiques. L’édition universitaire contemporaine a même été comparée à un « vortex » (Wasserman & Richards, 2015), les articles se trouvant dans un trou noir une fois soumis. Un auteur, surtout si son article est rejeté, peut avoir du mal à comprendre le fonctionnement du dispositif éditorial. Ayant travaillé avec la communauté des études africaines pendant quinze ans chez Routledge, Taylor & Francis (T&F), loin des collectifs clandestins, j’ai constaté que les équipes éditoriales de ces revues étaient dynamiques, partageant un engagement naturel à apporter de nouvelles recherches à leur communauté, soutenant des chercheurs en début de carrière, et désireuses de donner un espace à une pluralité de voix. Concernant l’opacité du système, mon intention est de lever quelque peu le rideau sur les processus de publication, et de partager l’analyse des données du portefeuille de revues d’études africaines de T&F. Je ne suis pas chercheuse universitaire et ces données primaires ne me sont disponibles qu’en raison de ma position au sein d’une maison d’édition universitaire, des données aussi approfondies n’étant généralement pas disponibles en externe. Dans cet article, je présente le contexte de la production actuelle des connaissances, les tendances en matière de publication et les indicateurs de citation, et j’analyse les données pour illustrer les modèles et les changements intervenus dans la communauté des éditeurs et dans les comités de rédaction, les soumissions, le contenu des recherches publiées, les taux d’acceptation, les évaluations par les pairs et l’utilisation de ces données. De ce point de vue, cet article offre un aperçu unique des données éditoriales et de la manière dont elles sont, et peuvent être, utilisées.
Derrière la prise de décision éditoriale et l’évaluation par les pairs se cache une myriade de systèmes, de processus et de développements technologiques dans lesquels les éditeurs investissent. Outre les systèmes et les portails de soumission et d’évaluation par les pairs en ligne, la plupart de ces outils sont internes à l’entreprise et ne sont donc pas visibles par les auteurs, mais ils permettent aux éditeurs de collecter et d’analyser des données à un niveau très précis. Les revenus provenant des abonnements, du libre accès (frais de publication d’articles et allocations d’accords de transformation [« lecture et publication »]) ou autres sont réinvestis dans le travail des développeurs, des analystes et d’autres membres du personnel afin d’améliorer le processus de publication pour les auteurs, les éditeurs et les réviseurs. Ces innovations permettent aux éditeurs tels que T&F de suivre et d’analyser les données sur les tendances de publication, en travaillant en étroite collaboration avec les bibliothécaires, les éditeurs et les partenaires, et en enrichissant l’écosystème de la recherche. Les outils et systèmes dont disposent les éditeurs permettent de collecter des données détaillées et à jour, tant quantitatives que qualitatives, auprès des communautés de recherche à chaque étape du processus de publication. À l’ère de l’édition prédatrice, où il peut être difficile de séparer les faits de la fiction en ligne, l’importance et la garantie que des données fiables et précises soient disponibles pour aider à la prise de décision à tous les niveaux ne peuvent être sous-estimées[1].
Les chercheurs publient leurs travaux pour diverses raisons, notamment apporter des connaissances à leur domaine, accroître leur visibilité et pour des obligations professionnelles. Les universitaires doivent réfléchir à leur cible et au type d’impact qu’ils souhaitent avant de décider de la voie la plus appropriée pour communiquer leurs recherches. Pour un universitaire des années 2020, il existe une multitude de canaux de diffusion, depuis les articles de recherche traditionnels et les numéros spéciaux jusqu’aux contenus de revues plus courtes, monographies, collections, actes de conférences et plateformes en libre accès[2]. De manière plus informelle, et en touchant à la fois un public universitaire et profane, un chercheur peut interagir à travers des articles de blog, les médias sociaux, des webinaires, des sites Web personnels et organisationnels et des bulletins d’information d’associations, ainsi que le « meilleur des mondes » (Williams, 2023) des plateformes de bulletins d’information numériques telles que Substack. Même au sein de l’édition universitaire, il existe une vaste gamme de types de contenus, qui va des œuvres picturales, rapports d’exposition, critiques médiatiques et même des haïkus[3], jusqu’aux méthodes, notes de données et rapports enregistrés, sans oublier les résumés et les articles vidéo[4]. Pour garantir la cohérence dans la dénomination des types d’articles, les manuscrits publiés dans les revues T&F s’alignent sur une taxonomie de près de 50 types d’articles différents[5].
L’expression « publier ou périr » est courante dans la communauté des chercheurs en études africaines, comme dans d’autres domaines d’études[6]. Les universitaires basés dans de nombreux pays africains sont confrontés à des systèmes d’enseignement supérieur qui, pour la plupart, donnent la priorité à l’enseignement plutôt qu’à la recherche et imposent aux universitaires une lourde charge de travail d’enseignement. Souvent combinés à des coupes budgétaires, à une rareté de ressources ou à une restriction de liberté académique, les universitaires disposent de peu de temps et d’énergie pour produire les résultats de leur recherche. Kilonzo et Magak (2013) soutiennent qu’une part importante des travaux de qualité inférieure soumis à une publication universitaire est imputable à la pression professionnelle exercée pour publier rapidement et fréquemment. Être publié est souvent considéré comme une garantie d’employabilité (Tella & Onyancha, 2021) et pour éviter de « périr », les chercheurs peuvent – sciemment ou inconsciemment – se tourner vers des médias d’édition dits « prédateurs » pour être publiés rapidement. Une discussion sur le phénomène « publier ou périr » et les pratiques de publication prédatrices dans les études africaines mérite son propre article et, en fait, a fait l’objet de nombreux écrits à travers différents pays (par exemple Amutuhaire, 2022 ; Chatio et al., 2023 ; Kilonzo & Magak, 2013 ; Madikizela-Madiya, 2023 ; Mills & Robinson, 2022 ; Mills et al., 2021 ; Moletsane et al., 2015 ; Nyamnjoh, 2004 ; Omobowale et al., 2013 ; Wadesango, 2014). Dans un certain nombre d’institutions d’Afrique de l’Est, notamment l’université d’Addis-Abeba en Éthiopie, l’université de Makerere en Ouganda et l’université de Nairobi au Kenya, les doctorants sont tenus de publier – ou de s’engager à publier – deux articles dans des revues réputées afin d’obtenir leur diplôme (Adamu, 2021 ; Mills et al., 2023). L’université de Maseno au Kenya stipule en outre qu’un article est requis dans une revue internationale à comité de lecture pour pouvoir soutenir un doctorat, le terme « international » semblant faire référence presque exclusivement aux revues d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, tandis qu’on évite les revues kenyanes et régionales (Kilonzo & Magak, 2013). Les tensions et les divergences dans la compréhension de la définition du terme « international », y compris la dynamique du pouvoir et la question de savoir si une revue peut être locale dans un endroit et internationale dans un autre, ont été explorées dans un certain nombre d’études (par exemple Msuya & Muneja, 2011 ; Omobowale et al., 2013 ; Tella & Onyancha, 2021 ; Thomas, 2018).
La pression en faveur de la publication a entraîné une augmentation de l’activité des fabricants de papier et des groupes de mauvaise foi offrant des œuvres d’auteur indues (lorsqu’un auteur répertorié n’a pas contribué de manière substantielle, ou pas du tout, à l’article) ou vendant celles-ci (lorsque la place d’un auteur dans un article a été « achetée » ou « vendue »)[7]. La vigilance des éditeurs et rédacteurs de revues face aux pratiques de plus en plus sophistiquées de ces acteurs de mauvaise foi est vitale. Les données sont essentielles à l’enquête et à la protection de l’intégrité du dossier scientifique, et T&F innove continuellement, notamment en développant des outils pour identifier les soumissions en double dans les systèmes d’évaluation par les pairs et prendre les mesures appropriées, et en créant une notification temporairement ajoutée à la version en ligne d’un article – soumise à des critères stricts – pour informer les lecteurs qu’il fait l’objet d’une enquête. T&F, comme de nombreux éditeurs, est signataire d’United2Act, un groupe d’acteurs internationaux travaillant en collaboration pour relever le défi collectif des fabricants de papier dans l’édition scientifique[8].
La coécriture d’articles de revues est de plus en plus courante, une étude T&F révéle que 74 % des chercheurs[9] travaillant dans les sciences humaines et sociales pensent que deux auteurs ou plus pour un article représentent désormais la norme (Taylor & Francis Group, 2017). La principale raison, pour les personnes interrogées, est la concurrence et les pressions plus fortes liées aux performances, en particulier pour les chercheurs en début de carrière. Bien que la coécriture offre la possibilité de collaboration et de partage de perspectives multidisciplinaires, elle n’est pas sans défis. Il a été souligné que « la recherche collaborative entre chercheurs du Sud et du Nord, même si elle est bien intentionnée, peut finir par simplement "ethniciser" un projet, tout en soulevant également des inquiétudes quant à la géographie morale, la proximité et la distance » (Walker, 2019). En outre, avec la transition vers un avenir totalement ouvert qui progresse à des rythmes différents à l’échelle mondiale, les chercheurs basés dans des institutions des pays d’Europe du Nord et de l’Ouest ont actuellement plus de chances d’avoir accès au financement en libre accès que leurs coauteurs basés en Afrique[10]. Bien que T&F ne collecte pas de données sur la manière dont les coauteurs décident de qui sera identifié comme auteur principal, il se peut qu’un coauteur bénéficiant d’un financement en libre accès soit plus susceptible d’être nommé auteur correspondant sur un article afin, pour lui, d’accéder à ce financement. De même, un coauteur basé en Afrique et ayant une affiliation supplémentaire dans une institution européenne peut d’abord indiquer son affiliation européenne, selon les recherches de Mills et al. (2023) ayant découvert des exemples de telles pratiques parmi les chercheurs ghanéens. À ce titre, les données relatives aux soumissions et aux publications peuvent refléter ce comportement supposé.
 

La collecte des données

Les données ont été collectées en exécutant des requêtes sur plusieurs systèmes internes de T&F, notamment des tableaux de bord Power BI personnalisés, Atypon Insights et DataSalon Paperstack, en utilisant des filtres et des champs pour exclure les revues en dehors des 15 principales revues d’études africaines et pour définir les paramètres de reporting. Les rapports ont été exportés au format Excel et les données analysées manuellement. Alors que certains tableaux de bord ont généré automatiquement des graphiques, d’autres graphiques et cartes ont été créés manuellement dans Excel et avec l’outil en ligne mapchart.net.
Il est important de souligner que la collecte de données pour les soumissions et l’évaluation par les pairs n’est possible que pour les revues T&F utilisant des systèmes de soumission en ligne et d’évaluation par les pairs[11]. Pour les revues n’utilisant pas de systèmes de soumission, seules les données relatives aux articles publiés et à leur utilisation sont disponibles. Bien que l’on ne prétende pas que les données soient exemptes de lacunes, les ensembles de données sont suffisamment étendus pour que, dans leur intégralité, ils puissent être considérés comme un échantillon substantiel de l’écosystème de publication des revues d’études africaines.
Aux fins de la collecte de données des soumissions, des évaluateurs, ainsi que des articles publiés, j’ai examiné uniquement le contenu de la recherche, car toutes les soumissions à une revue ne seront pas évaluées par des pairs. Les éléments tels que les critiques de livres sont évalués par les éditeurs ou un éditeur de critiques de livres, mais ne sont généralement pas envoyés pour une double évaluation externe anonyme, et donc l’exclusion de ces types de contenu permet un alignement plus étroit des ensembles de données[12]. Au sein de T&F, le contenu de la recherche désigne des articles de recherche originaux, des articles de synthèse et des types de contenu plus courts tels que des discussions et de brefs rapports. J’utilise le terme « article » pour désigner toutes les soumissions et les articles publiés classés comme contenu de recherche dans les systèmes T&F. Concernant le lectorat, les termes « utilisation » et « téléchargements » sont utilisés de manière interchangeable.
Je reconnais également la complexité de la saisie et de la représentation des données sur les identités et les lieux de publication. Comme pour d’autres études portant sur les auteurs africains, les données ne mesurent pas la citoyenneté ni aucun type de statut africain auto-identifié (Briggs & Weathers, 2016). Les données soumises fournissent un aperçu de l’endroit où un chercheur était basé à un moment donné et ne donnent aucune idée de l’étendue de la diaspora africaine, ni des universitaires du monde entier qui peuvent être basés temporairement ou définitivement loin du pays qu’ils identifient comme leur domicile.
Les revues publiées par T&F sont détenues et éditées dans le monde entier, le personnel de T&F est basé en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique du Nord et en Australasie[13]. Cependant, comme T&F a été fondée et a son siège principal au Royaume-Uni, cette étude s’inscrit dans une perspective anglophone. Bien que T&F publie un certain nombre de revues bilingues, comme la Revue canadienne des études africaines, et d’autres revues offrant des résumés dans la langue maternelle de l’auteur, la majeure partie des revues sont en anglais. Parmi les principaux éditeurs de revues, T&F publie le plus grand nombre de revues d’études africaines. Au moment de la rédaction de cet article, T&F publie plus de 50 revues[14] d’études africaines, tandis que peu d’autres éditeurs anglophones publient plus de dix revues liées à l’Afrique[15]. De nombreuses revues T&F peuvent être considérées comme des revues « cousines » des 15 revues « principales » d’études africaines gérées au sein du portefeuille d’études régionales, et sont hébergées dans des listes spécifiques, telles que la littérature, la politique et les relations internationales. En ce qui concerne les données de cette étude, je me suis concentrée uniquement sur les principales revues d’études africaines et n’ai pas interrogé les revues connexes.
 

Indicateurs de citation et équipes éditoriales

Pour cette étude, j’ai délibérément choisi de ne pas examiner les taux et les modèles de citation des revues d’études africaines, mais il est important de réfléchir à la manière dont les indicateurs de citation se recoupent avec l’écosphère de la recherche en études africaines et de comprendre que les données ne montrent pas toujours une parfaite image de la réalité. De même, j’ai choisi de ne pas analyser la composition des éditeurs et des membres actuels des comités de rédaction des principales revues T&F d’études africaines, mais il existe des analyses et des conclusions antérieures qu’il est utile de souligner.
L'un des indicateurs calculés sur les taux de citation des revues est le Journal Impact Factor[16]  (JIF)™, et publier dans une revue ayant un facteur d'impact (JIF)™ élevé est l'objectif de nombreux universitaires. Cette approche est toutefois problématique et réduit la valeur d'une revue à un chiffre annuel calculé sur un très petit ensemble de données. Bien que je n’explore pas en détail les réseaux de citations des revues d’études africaines, étant donné que cette étude cherche à mettre en lumière la complexité de la publication des revues, il est utile de réfléchir aux changements induits par les principaux index de citations ces dernières années, tout en situant  les revues d'études africaines dans l'écosystème global des citations.
Les deux principaux index de citations sont ceux développés par Clarivate (anciennement Thomson Reuters) et Scopus (propriété d’Elsevier). Bien que les évaluations et les classements publiés par ces entreprises aient eu un impact sur les décisions du monde universitaire au cours des soixante dernières années (par exemple, les demandes de titularisation), ces noms ne sont peut-être pas connus de tous les chercheurs. L’un des objectifs de l’Institute for Scientific Information (ISI™) d’Eugene Garfield était d’établir un index de la littérature scientifique et académique mondiale, et c’est ainsi que le Science Citation Index Expanded (SCIE™) a vu le jour en 1964. Il a été suivi par le Social Science Citation Index (SSCI™) et l’Arts and Humanities Citation Index (AHCI™) dans les années 1970. Les premiers Journal Citation Reports (JCR™) annuels ont été lancés en 1976, hébergeant l’indicateur JIF, qui présente un score basé sur l’activité de citation. 1997 voit ensuite le lancement du Web of Science (WoS™), l’interface Web consultable pour les index Clarivate[17].
Les revues indexées dans le SCIE™ ou le SSCI™ reçoivent un JIF™[18] de deux ans dans une publication annuelle du JCR™, les classant dans une ou plusieurs catégories de sujets. Le JIF™ d’une revue est calculé en examinant les citations faites au cours d’une année civile des articles publiés dans cette revue au cours des deux années précédentes, par rapport aux articles sources[19] publiés dans la revue au cours de ces deux mêmes années. Seules les citations d’autres revues indexées dans Clarivate sont prises en compte, ainsi d’innombrables citations de revues d’études africaines non indexées sont exclues et négligées. Cela dénature la richesse des citations du domaine et privilégie plutôt les revues recevant des citations d’autres revues qui disposent de l’infrastructure nécessaire pour répondre aux exigences d’indexation[20]. Le JIF™ peut être considéré comme un indicateur de la qualité et du prestige d’une revue, car une légère augmentation ou diminution du nombre de citations ou d’articles sources, ou des deux, entraînera une fluctuation du JIF™ d’une année à l’autre, en particulier pour les petites revues.
T&F est signataire de la Déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche (DORA)[21] et aide les chercheurs à prendre en compte d’autres indicateurs que le JIF™ lorsqu’ils cherchent où soumettre leur candidature. Un collègue de T&F siège actuellement au groupe de travail DORA Research Assessment Metrics, le groupe de travail publiant des orientations supplémentaires en 2024 sur une variété d’indicateurs de recherche couramment utilisés autres que le JIF™. Cinq principes clés concernant l’utilisation plus générale des informations quantitatives ont été identifiés : être clair, transparent, spécifique, contextuel et juste (DORA, 2024).
Les systèmes et outils de T&F permettent de collecter une multitude de données. En affichant différents indicateurs sur les pages d’accueil des revues, l’objectif de l’éditeur est de contribuer à réduire les biais, de garantir l’utilisation des indicateurs appropriés au contexte et de fournir une vision plus complète des différentes manières dont une recherche ou une revue a un impact sur le monde. Cet impact peut inclure le fait d’être lu largement, cité par des pairs ou référencé dans des documents politiques. En ce qui concerne les études africaines, cette approche s’aligne sur des discussions plus larges en cours sur l’hégémonie et l’influence des paramètres ou indicateurs « du Nord » qui ne sont pas nécessairement utiles pour certains sujets, zones géographiques et langues. Les précieux résultats de la recherche peuvent revêtir de nombreuses formes, allant des données et du codage aux œuvres d’art, chansons ou productions orales, les indicateurs ne peuvent pas mesurer tout l’impact sociétal et communautaire.
Le Emerging Sources Citation Index (ESCI™), lancé en 2015, indexe le contenu de la même manière que les autres indices de citation, mais sans la même exigence de niveaux de citation élevés[22]. Les revues indexées dans l’ESCI™ doivent répondre à des normes de base, telles que la réalisation d’un examen rigoureux par les pairs, et sont considérées comme de haute qualité mais avec un impact moindre, où l’impact est jugé selon le niveau de citations d’une revue. De cette manière, de nombreuses revues qui se concentrent sur des sujets plus spécialisés ou sur des régions du monde très spécifiques peuvent se trouver dans l’ESCI™. À compter de la sortie du JCR™ 2022 en juin 2023, les revues indexées dans l’AHCI™ et l’ESCI™ reçoivent désormais également un JIF™. Clarivate considère ce changement comme un moyen d’uniformiser les règles du jeu pour toutes les revues de qualité, y compris les revues ayant une faible portée ou axée sur une région, et les revues des pays du Sud (Quaderi, 2022). L’un des résultats de ce changement est que 9 000 revues supplémentaires provenant de 3 000 éditeurs (dont beaucoup sont des petits éditeurs des pays du Sud) disposent désormais d’un JIF™ (Heaney, 2023). Les revues ESCI™ recevront un classement et un quartile à partir de la version 2024.
La catégorie Area Studies du Clarivate JCR™ comprend des revues provenant d’un large éventail d’études régionales, indexant principalement les revues axées sur une région, mais également celles publiant des recherches comparatives entre régions. La catégorie a vu très peu de revues supplémentaires indexées ces dernières années et reste dominée par les revues d’études asiatiques. Sur 176 revues indexées dans la catégorie Area Studies SSCI™ du JCR™ 2023, 61 étaient des revues d’études asiatiques (35 %), tandis qu’il y avait 22 revues d’études africaines (13 %), plus trois revues comparatives avec l’Afrique comme l’une de leurs régions cibles[23]. Avec le classement des revues ESCI™ à l’été 2024, cela double presque la taille de la catégorie Area Studies JCR™, qui est passée de 87 à 176 revues.
Scopus n’a ni une catégorie d’études africaines ni une catégorie d’études régionales, et les revues examinées dans cette étude sont donc incluses dans plusieurs catégories, reflétant encore une fois la multidisciplinarité de la recherche en études africaines. Le CiteScore est l’indicateur produit par Scopus, il couvre une période plus large que le JIF™ de deux ans de Clarivate en examinant les citations au cours des quatre dernières années civiles d’articles, de revues, de conférences et de documents de données publiés au cours de ces mêmes quatre années. Alors que de nombreux chercheurs et institutions se concentrent sur les indices Clarivate et le JIF™, cela ne veut pas dire que les universitaires en études africaines ne s’intéressent pas aux indicateurs Scopus. Il a été souligné, par exemple, que l’université Covenant au Nigeria déclare que les candidats à un poste de professeur titulaire doivent avoir un indice h Scopus d’au moins trois (Mills et al., 2023).
En ce qui concerne les équipes éditoriales, un certain nombre de réflexions des rédacteurs sur le rôle du rédacteur en chef et du comité de rédaction ont été publiées, couvrant des revues d’études africaines, d’éducation, de journalisme et de communication, de littérature, de marketing et d’études de genre, entre autres (par exemple Acker et al., 2022 ; Coetzee, 2018 ; Moletsane et al., 2015 ; Preece et al., 2023 ; Titlestad, 2021 ; Tomaselli, 2015 ; Wasserman & Richards, 2015). Ces idées rejettent la perception selon laquelle l’éditeur est un gardien, Coetzee (2018) mettant plutôt en avant l’idée de garder la porte ouverte pour entrer dans des espaces communs. De plus, les rédacteurs ont mis en évidence l’importance de leur travail en aidant les auteurs à développer et à diffuser leurs articles dans la communauté de recherche, en invoquant l’image de la « rédactrice-sage-femme » (Ogunniyi, 1998 ; Titlestad, 2021).
Ma propre analyse antérieure a révélé que sur les 42 éditeurs des dix revues d’études africaines les mieux classées dans la catégorie « Études régionales » du Clarivate 2016 Journal Citation Reports (JCR)™, seuls cinq étaient basés en Afrique et que seuls l’Afrique du Sud et le Ghana étaient représentés. En poursuivant ce travail en août 2021, j’ai analysé la composition de l’équipe éditoriale des principales revues d’études africaines de T&F. À cette époque, les revues comptaient en moyenne 23 membres par comité de rédaction, dont neuf étaient basés en Afrique (39 %). Collectivement, des universitaires de 20 pays africains étaient représentés parmi les rédacteurs et les comités de rédaction, la figure 1 montre que la représentation est plus importante en Afrique australe et orientale qu’en Afrique centrale, occidentale et septentrionale[24]. La représentation du comité de rédaction est majoritairement anglophone, avec seulement trois revues représentant des pays d’Afrique francophone en 2021. La représentation lusophone a montré les mêmes tendances avec des universitaires mozambicains siégeant dans les conseils d’administration de quatre revues et des universitaires angolais présents dans un seul conseil d’administration. Il convient de noter que les comités de rédaction changent continuellement, avec des membres qui se retirent ou qui arrivent chaque année, et que de nombreuses revues travaillent activement à diversifier leurs comités de rédaction.

Figure 1. Pays africains représentés dans les équipes éditoriales de T&F Etudes Africaines, août 2021.
Carte créée à l’aide de mapchart.net

 

Au moins un universitaire sud-africain était présent parmi les rédacteurs ou au sein du comité de rédaction de chaque revue, le Kenya et le Nigeria étant les autres pays les plus représentés. Il est important de signaler que certaines revues sont centrées sur des régions particulières et sont donc plus susceptibles d’avoir un nombre plus élevé de représentants des pays de cette région que les revues ayant une portée géographique plus large[25]. En ce qui concerne les membres de l’équipe éditoriale[26], 43 % étaient situés en Afrique, dont 36 % en Afrique du Sud et 7 % dans d’autres pays africains (l’Égypte, le Ghana, le Kenya, le Lesotho, l’Île Maurice et le Nigeria).
 
Résultats
Les principales conclusions ressortant des données collectées à partir des systèmes internes de T&F montrent une croissance de l’utilisation en provenance d’Afrique ces dernières années et un nombre accru de soumissions d’auteurs basés en Afrique. Ces soumissions sont généralement converties en publication avec un taux inférieur à celui de nombreuses soumissions du Nord et de l’Ouest, à l’exception de l’Afrique du Sud. Les données des éditeurs nous apprennent également que les réseaux d’évaluation par les pairs ne sont, en général, pas suffisamment diversifiés, étant dominés par l’Afrique du Sud, les États-Unis et le Royaume-Uni.
 
Utilisations
Les inégalités dans l’accès aux recherches publiées constituent un obstacle pour les chercheurs, mais le tableau est positif en ce qui concerne les initiatives d’accès mises en place pour les chercheurs basés en Afrique. Le contenu publié par plus de 100 éditeurs est disponible gratuitement, ou à un tarif très réduit, pour les institutions de la majorité des pays africains via le programme Research4Life (R4L)[27], sachant toutefois qu’il existe encore souvent des obstacles posés par Internet ou l’accès au Wi-Fi, l’électricité et les délestages. En ce sens, R4L n’est pas toujours bien connu au sein des établissements et nécessite d’obtenir des mots de passe auprès d’une bibliothèque universitaire. Les éditeurs individuels peuvent également avoir leurs propres initiatives avec le programme T&F Special Terms for Authors and Researchers (STAR) offrant à de nombreux chercheurs basés en Afrique un accès gratuit à toutes les revues T&F[28].
L’examen des données d’utilisation révèle des tendances clairement positives dans la manière dont les chercheurs basés en Afrique accèdent aux revues d’études africaines. Des lecteurs basés dans les 54 pays d’Afrique – ainsi que dans deux territoires non souverains – ont téléchargé au moins un article entre janvier 2017 et octobre 2023. Les revues examinées ont été lues par des utilisateurs de 32 pays africains en moyenne en 2016, et 40 en 2019, São Tomé et Príncipe étant le seul pays à ne pas télécharger au moins un article en 2022.
Les données établissent que l’utilisation sur le continent africain des principales revues d’études africaines de T&F a augmenté à un rythme plus rapide que le lectorat mondial. Alors que l’utilisation mondiale des 15 revues examinées a augmenté de 110 % entre 2017 et 2022, l’utilisation sur le continent africain a augmenté de 142 %. Comme le montre la figure 2, l’utilisation par les lecteurs basés en Europe du Nord et en Europe centrale a augmenté de 82,8 %, tandis que l’utilisation en provenance d’Amérique du Nord a augmenté de 83,6 % au cours de cette période.

Figure 2. Utilisation par région, 2017 par rapport à 2022.
Source : Journals Usage Dashboard, Atypon Insights

 

En ce qui concerne l’utilisation mondiale des revues d’études africaines, l’Afrique était la première région de téléchargement entre janvier 2017 et octobre 2023 (figure 3), avec 35,4 % des téléchargements au cours de cette période attribués à des lecteurs en Afrique. En 2017, l’Afrique était la deuxième région qui télécharge le plus, mais elle a devancé l’Europe du Nord et l’Europe centrale en 2022 pour prendre la première place.

Figure 3. Utilisation par région, janvier 2017 –  octobre 2023.
Source : Journals Usage Dashboard, Atypon Insights

 

La domination sud-africaine dans le paysage de la recherche en études africaines est étayée par les données d’utilisation. Comme le montre la figure 4, l’Afrique du Sud était le premier pays de téléchargement de janvier 2017 à octobre 2023, avec 19,7 % du total des téléchargements. Le Royaume-Uni (15,5 %) et les États-Unis (13,9 %) étaient les deuxième et troisième pays à télécharger le plus, le top dix étant complété par l’Australie, le Canada, les Pays-Bas, le Kenya, l’Allemagne, la Chine et le Zimbabwe. L’utilisation en provenance d’Afrique du Sud (19,7 %) était supérieure à celle de tous les autres pays africains réunis (14,3 %) et près de sept fois supérieure à celle du deuxième pays africain téléchargeant le plus (Kenya, 2,9 %).

Figure 4. Utilisation par pays, janvier 2017 – octobre 2023.
Source : Journals Usage Dashboard, Atypon Insights

 

Il est important de souligner les variations d’utilisation des revues à vocation régionale, notamment pour les revues suivantes : Journal of Southern African Studies (JSAS), Journal of the Indian Ocean Region (JIOR) et Journal of Eastern African Studies (JEAS), pour lesquelles le lectorat est élevé dans les pays au sein de ces régions respectives ; la même chose est également constatée dans la représentation du comité de rédaction. Comme on pouvait s’y attendre, JSAS est largement lue en Zambie et au Malawi, JIOR est très consultée par les universitaires mauriciens et JEAS trouve un lectorat important au Kenya, en Éthiopie, en Ouganda et en Tanzanie. L’usage éthiopien est incohérent dans l’ensemble du portefeuille, une analyse T&F précédente ayant montré qu’environ 50 % des articles téléchargés par les universitaires éthiopiens à partir des principales revues d’études africaines en 2019 provenaient du seul JEAS.
 

Soumissions

Une étude examinant les soumissions au Journal of Modern African Studies a révélé une augmentation d’auteurs basés en Afrique au cours de la période 1997-2012, avec un niveau de soumission d’environ 40 % au début des années 2010 (Briggs & Weathers, 2016). Mon analyse, couvrant un ensemble de données plus large, corrobore les résultats concernant l’augmentation des soumissions en provenance du continent africain, mais révèle une part plus élevée de soumissions provenant d’auteurs principaux basés en Afrique : une moyenne de 65,1 % sur la période examinée. Plus de 10 000 articles ont été enregistrés dans les systèmes de soumission de 13 revues principales d’études africaines de T&F de janvier 2017 à octobre 2023. La figure 5 montre la répartition par année, entre l’Afrique et le reste du monde (Rest of the World – RoW).
La figure 5 illustre « l’effet pandémique » de l’augmentation des soumissions aux revues d’études africaines en 2020. Il s’agit d’une tendance observée dans tous les domaines publiés par T&F, de nombreux universitaires ayant rédigé et soumis leurs recherches pendant les confinements dus à la Covid-19 de 2020. Cependant, je suis consciente que tous les universitaires n’ont pas bénéficié des mêmes privilèges de temps au cours de cette période et que les chercheurs situés dans des lieux différents, ayant des responsabilités de soins ou autres, ont peut-être en fait eu moins de temps à consacrer au travail universitaire. Les soumissions aux revues examinées étaient déjà en hausse en 2019 après avoir augmenté de 28,3 % par rapport à 2018, mais 2020 a connu une nouvelle augmentation de 25,2 % par rapport à l’année complète précédente. Bien que l’augmentation des articles soumis en 2020 soit vraie pour les auteurs basés en Afrique et pour les auteurs situés dans d’autres régions, il est surprenant de noter la différence significative entre ces deux groupes : une petite augmentation de 3,1 % pour les auteurs du reste du monde, mais une augmentation de 38,8 % pour les auteurs basés en Afrique. Il est à noter que les soumissions n’ont pas augmenté au même rythme dans tous les pays africains. Le Nigeria semble avoir été l’acteur majeur en 2020 avec une augmentation colossale de 89,5 % des soumissions par rapport à l’année précédente, tandis que l’Afrique du Sud a connu une augmentation plus modeste de 12 %. En 2020, de nombreux rédacteurs de revues d’études africaines ont souligné leurs inquiétudes quant à l’impact des restrictions dues à la Covid-19, interrompant le travail sur le terrain, la recherche et les visites d’archives. Dans les années qui ont immédiatement suivi la pandémie, un certain nombre de rédacteurs ont signalé des niveaux de soumissions inférieurs. On pourrait en déduire qu’après avoir finalisé les articles de leurs recherches antérieures en 2020, et avec les activités de recherche réduites en 2020-2021, il y avait moins de résultats prêts à être rédigés dans les années qui ont immédiatement suivi la pandémie.

Figure 5. Soumissions aux principales revues d’études africaines de T&F par année, réparties par Afrique et RoW. Rapport : Nombre de soumissions par année de soumission, DataSalon Paperstack

 

De janvier 2017 à octobre 2023, des articles ont été soumis par des auteurs situés dans 131 pays, dont 47 pays d’Afrique (voir figure 6). Alors que 65,1 % des soumissions avaient un auteur principal basé en Afrique, 2 % supplémentaires des articles soumis avaient au moins un coauteur africain. L’Afrique du Sud (23,2 %) et le Nigeria (18,3 %) sont les titans des soumissions en études africaines avec une part combinée de 41,5 % de toutes les soumissions au cours de cette période, éclipsant les autres pays soumissionnaires. Outre l’Afrique du Sud et le Nigeria, trois autres pays africains figurent parmi les dix premiers pays soumissionnaires au cours de cette période : l’Éthiopie (5,1 %), le Ghana (4,6 %) et le Zimbabwe (3,4 %). En dehors de l’Afrique, les principaux pays déclarants complétant le top dix sont les États-Unis (5,8 %), le Royaume-Uni (3,9 %), la Chine (2,6 %), l’Inde (2,3 %) et le Canada (2,1 %).

Figure 6. Soumissions aux principales revues d’études africaines de T&F par pays, janvier 2017 – octobre 2023. Rapport : Répartition géographique des soumissions par emplacement de l’auteur/relecteur, DataSalon Paperstack. Aucune légende n’est produite par l’outil de reporting pour ce type de carte en dégradé. Les dégradés sont proportionnels aux différents filtres appliqués. Les données vont d’une soumission à 1 618 soumissions par pays.
 

Evaluation par les pairs

Une étude de marché menée par T&F en 2015 met en lumière les attitudes des auteurs à l’égard de l’évaluation par les pairs et, en particulier, leurs perceptions sur ce qui est considéré comme un délai raisonnable pour recevoir la décision d’une revue. En sciences humaines et sociales (HSS), 96 % des éditeurs et 93 % des évaluateurs estiment qu’un délai de deux mois est réaliste pour remettre un rapport, mais seulement 44 % des auteurs ont confirmé avoir reçu un premier feedback dans un délai de deux mois. Le livre blanc de T&F souligne que ces écarts sont dus à des processus non visibles par l’auteur, notamment les contrôles administratifs, la détection de plagiat, la recherche et la sélection des évaluateurs et les processus décisionnels éditoriaux à plusieurs niveaux (Taylor & Francis Group, 2015). Le rapport interroge par conséquent la possibilité d'une communication plus efficace sur les processus d'évaluation de la part des rédacteurs et des évaluateurs
Pour la plupart des revues publiées chez T&F, un certain nombre d’indicateurs d’actions et de délais d’exécutions sont accessibles au public dans l’onglet « indicateurs » de la page d’accueil de chaque revue : le délai pour la première décision, celui pour la décision après examen par les pairs, et celui pour la publication en ligne. Ces données d’éditeur sont précieuses pour les auteurs car elles fournissent une vue plus complète au-delà des indicateurs de citation, tout en permettant de gérer leurs attentes quant à la durée du processus d’évaluation par les pairs. Si un chercheur dispose d’une date limite à laquelle il doit publier son article – peut-être pour l’inclure dans un dossier de demande de promotion, obtenir son diplôme, ou l’inclure dans un exercice d’évaluation tel que le Research Excellence Framework (REF) au Royaume-Uni –, la transparence concernant l’examen par les pairs et les délais de publication les aide à choisir où soumettre leur candidature.
Concernant les revues examinées, pour le second semestre 2022, le nombre médian de jours entre la soumission et la première décision post-évaluation était de 161, soit un peu plus de cinq mois. Ensuite, le nombre médian de jours entre l’acceptation et la publication en ligne était de 31 jours. Un universitaire souhaitant publier dans l’une des principales revues d’études africaines de T&F pourrait donc raisonnablement s’attendre à un délai moyen d’au moins six ou sept mois entre la soumission et la publication, plus un temps supplémentaire pour réviser son article, fournir des corrections d’épreuves, etc. Ainsi, il ne serait pas déraisonnable de voir un article être publié en ligne un an après sa première soumission, de nombreux articles étant publiés plus rapidement, alors que d’autres mettent plus de temps. En prenant du recul par rapport aux données, il convient de souligner que les mesures des revues ont leurs limites et ne doivent jamais être considérées de manière isolée, les mesures quantitatives ne reflétant pas le temps et le soin que les équipes éditoriales consacrent à aider les auteurs à affiner leurs articles.
La figure 7 représente le nombre de soumissions acceptées et rejetées par les revues principales d’études africaines de T&F en fonction du nombre moyen de jours nécessaires pour prendre une première décision, pour les articles qui ont reçu une décision finale en 2022. Seuls les articles acceptés ou rejetés sont inclus, et cette décision peut intervenir au stade de l’évaluation documentaire après qu’un examen externe par les pairs ou après que l’évaluation d’un article révisé où une première demande de révisions mineures, de révisions majeures, ou de révision et de soumission à nouveau aura été partagée avec l’auteur à la suite d’un examen indépendant par les pairs.

Figure 7. Délais de première décision pour les soumissions acceptées et rejetées recevant une décision finale en 2022. Tableau de bord Power BI de T&F Peer Review Explorer

Pour les articles recevant une décision finale en 2022, au total, 27,3 % des soumissions ont été acceptées et 72,7 % ont été rejetées. Pour les décisions finales, 40,4 % ont été communiquées en moins d’un mois, dont 52,8 % du total des rejets, qui seront majoritairement des rejets documentaires. En effet, pour un peu plus des deux tiers des articles rejetés (67,9 %), la décision finale a été communiquée à l’auteur principal en moins de deux mois. Cela indique que les équipes éditoriales évaluent les articles dans l’ensemble et communiquent avec les auteurs le plus rapidement possible, de sorte que les articles qui ne relèvent pas des objectifs et de la portée d’une revue puissent être soumis à une revue plus appropriée ou retravaillés de telle sorte qu’ils puissent passer de statut de rapport ou de conseil au statut d’article académique et soumis à nouveau.
Les décisions de rejet sont généralement prises si un article soumis ne correspond pas aux objectifs et à la portée de la revue, ou pour des raisons qualitatives. De nombreuses soumissions rejetées ne relèvent tout simplement pas du champ d’application d’une revue et font donc l’objet d’une décision de rejet de la part des éditeurs et ne sont pas envoyées en examen externe par des pairs. En 2023, 53 % des articles soumis aux principales revues T&F African Studies ont été rejetés, contre 60 % dans les revues T&F Social Sciences et 57 % dans toutes les revues T&F.

Figure 8. Comparaison des taux de rejet en 2023 pour les articles soumis aux principales revues T&F d’études africaines, aux revues T&F de sciences sociales et à toutes les revues T&F.
Tableau de bord Power BI Soumissions et décisions T&F

 

Les meilleures pratiques en matière d’éthique stipulent qu’une soumission ne peut être examinée que par une seule revue à la fois, et les auteurs sont tenus de déclarer lors de la soumission que leur article n’est pas examiné ailleurs[29]. Au-delà de la pression de publier décrite précédemment, les éditeurs signalent de manière anecdotique qu’ils estiment qu’il peut y avoir un manque de compréhension des attentes en matière de recherche universitaire et de publication scientifique, de nombreuses soumissions étant des essais ou des articles basés sur des sources secondaires sans suffisamment de sources primaires ou d’analyses originales. Il existe également des différences nationales et régionales dans les approches de la recherche universitaire qui doivent être considérées. Par exemple, Coetzee (2018) identifie que dans l’enseignement supérieur nigérian, les universitaires peuvent être encouragés à réfléchir à l’impact réel de leurs recherches et à rendre explicite leur pertinence pour la société en général. En tant que tels, certains articles qui en résulteront peuvent se lire davantage comme des documents politiques. Les pairs évaluateurs qui ne comprennent pas cette importance culturelle ne sont peut-être pas les mieux placés pour évaluer ces articles et les revues peuvent explicitement ne pas publier de documents politiques.
En ce qui concerne les niveaux de contenu, traiter davantage de soumissions et correspondre avec les auteurs demande plus de temps aux éditeurs. L’« invisibilité » du travail dans la publication de revues a été discutée en détail par Coetzee (2018) et évoquée par Titlestad (2021). Les numéros spéciaux et les sections spéciales constituent un pilier de nombreuses revues d’études africaines et doivent également être considérés dans le cadre des tendances d’acceptation et de rejet. Les articles sont plus susceptibles d’être commandés ou invités pour des numéros spéciaux, ces articles sont souvent présélectionnés par des éditeurs invités avant d’être soumis. Ce contrôle de qualité signifie que les taux d’acceptation peuvent être plus élevés dans les périodes où un grand volume d’articles dans des numéros spéciaux est en cours de révision. Les numéros spéciaux peuvent toutefois être la cible d’acteurs de mauvaise foi. Dans les cas les plus extrêmes, comme dans l’exemple de Hindawi, nous avons assisté à des milliers de rétractations, à la radiation de revues du Clarivate Web of Science™ et à des fermetures massives de revues[30].
L’importance de disposer de données précises est soulignée lorsque nous analysons celles relatives aux personnes qui examinent les articles soumis. Les données de localisation étaient – et peuvent encore être – manquantes dans les profils de nombreux évaluateurs, ce qui signifie qu’un pays de résidence actuel n’a pas été saisi pour 9,7 % des invitations et 18 % des avis terminés inclus dans notre ensemble de données. Ces invitations et avis complétés sont regroupés comme « vierges » dans les tableaux de bord internes de T&F à partir desquels les données sont extraites. Compte tenu de l’absence d’indicateurs géographiques, l’analyse présentée dans cet article doit être considérée comme une indication générale des tendances, étant entendu que certains pays peuvent être sous-représentés dans les données.
La répartition géographique des évaluateurs semble à première vue assez large, avec des chercheurs basés dans 78 pays invités à évaluer les articles soumis entre janvier 2017 et octobre 2023, y compris des experts basés dans 30 pays africains (figure 9). Cependant, si nous approfondissons, nous constatons que 61,3 % des invitations à évaluer ont été envoyées à des chercheurs basés dans seulement trois pays : l’Afrique du Sud (30,9 %), le Royaume-Uni (13,3 %) et les États-Unis (11,9 %), ces pays représentant 52,3 % de tous les examens terminés.


Figure 9. Évaluateurs invités par les principales revues d’études africaines de T&F par pays (à gauche) et par région (à droite), janvier 2017 – octobre 2023.
Rapport : Répartition géographique des soumissions par emplacement d’auteur/réviseur, DataSalon Paperstack. Aucune légende n’est produite par l’outil de reporting pour ce type de carte en dégradé. Les dégradés sont proportionnels aux différents filtres appliqués. Les données sur la carte de répartition par pays vont d’une invitation à 1 134 invitations par pays.

 

Alors qu’un peu moins de la moitié (47,6 %) de toutes les invitations ont été envoyées à des évaluateurs basés en Afrique, une fois l’Afrique du Sud exclue ce chiffre chute à 16,7 %. Les chercheurs basés au Nigeria ont reçu le quatrième plus grand nombre d’invitations à examiner, mais cela représentait 5,7 % du total des invitations envoyées. Au-delà des quatre principaux pays invités, les évaluateurs basés dans les 74 autres pays ont reçu moins de 4 % du total des invitations envoyées. Les évaluateurs basés en Afrique ont fourni 46,7 % des évaluations terminées, dont 31,8 % ont été attribuées à des universitaires sud-africains.
Les données des éditeurs sont essentielles pour fournir une base factuelle démontrant que les réseaux d’évaluation par les pairs restent actuellement très asymétriques et qu’il existe un besoin continu de diversification dans la sélection des universitaires invités à évaluer les articles de revues. Le fait que l’Afrique du Sud représente les deux tiers des invitations à réviser envoyées aux universitaires africains, et près d’un tiers du total des invitations envoyées dans le monde, dresse un tableau sombre de la domination et du profil exceptionnel du pays dans le paysage de l’édition universitaire en études africaines.

Figure 10. Évaluateurs invités par pays, janvier 2017 – octobre 2023.
Rapport : Répartition géographique des soumissions par emplacement de l’auteur/évaluateur, DataSalon Paperstack

 

Les données des éditeurs montrent que la majorité des évaluateurs des études africaines se trouvent dans un nombre limité de pays, mais s’agit-il des mêmes universitaires qui sont fréquemment sollicités ? Sur la période allant de janvier 2017 à octobre 2023, le nombre médian d’invitations pour ces revues s’élevait à 1,23 invitation par évaluateur. Le taux médian d’acceptation pour évaluation était de 57 %, mais il variait considérablement selon les revues, allant de 38 % à 89 %. De même, le taux d’achèvement médian des chercheurs ayant accepté de réviser était de 85 %, mais il variait de 67 % à 100 %.

Figure 11. Invitations des évaluateurs, accords et achèvement par revue, janvier 2017 – octobre 2023

 

Pour les articles dans des domaines plus spécialisés ou émergents, il y aura visiblement un plus petit nombre d’experts auxquels faire appel. De même, si les évaluateurs ont régulièrement soumis des avis dans le passé, des sélections peuvent se développer et certains évaluateurs sont plus sollicités s’ils renvoient régulièrement des évaluations constructives et approfondies dans les délais impartis. Il serait raisonnable de supposer que les chercheurs recevant un grand nombre d’invitations n’auront pas le temps d’accepter chaque demande.
En examinant les articles pour lesquels une invitation à réviser a été envoyée pour la première fois entre janvier 2017 et octobre 2023, le nombre moyen de réviseurs invités était de 3,8. Un peu plus de la moitié (53,3 %) des soumissions ont reçu entre deux et quatre évaluateurs, tandis qu’entre cinq et dix invitations à une évaluation ont été envoyées pour un peu plus d’un quart (25,4 %) des articles (figure 12). Pour un petit nombre d’articles (0,2 %), il a fallu envoyer plus de 21 demandes de révision afin d’assurer deux évaluateurs disponibles. Bien qu’il soit obligatoire pour les articles de recherche d’être examinés par deux évaluateurs indépendants[31], nous constatons d’après les données que 17,3 % des articles sont notés comme ayant un seul évaluateur. Cela peut être dû à diverses raisons : article récemment soumis, retrait avant que deux évaluateurs n’aient été invités, certains contenus de forme plus courte peuvent avoir une politique d’évaluation par les pairs différente, les articles révisés ne peuvent être renvoyés qu’à un seul évaluateur d’origine.

Figure 12. Nombre moyen d’évaluateurs invités, janvier 2017 – octobre 2023.
Source : Tableau de bord Power BI de T&F Peer Review Explorer

 

Alors que les universitaires pressés par le temps doivent sélectionner les articles à réviser, il est évident qu’il faut que les éditeurs de revues augmentent le nombre d’évaluateurs. Ceci est essentiel pour trois raisons principales : éviter de surcharger les évaluateurs existants, fournir des décisions et des commentaires aux auteurs dans un délai raisonnable, et garantir qu’une pluralité de voix et de points de vue sont impliqués dans la détermination de qui et de ce qui est publié dans une revue. Pour améliorer la visibilité des chercheurs sur la manière dont ils peuvent s’impliquer dans les revues relevant de leur domaine, les revues peuvent recruter des évaluateurs et des membres du comité de rédaction parallèlement aux appels à rédacteurs. Des appels ouverts et transparents peuvent aider à rassembler des chercheurs de tous horizons dans une revue, offrant ainsi une alternative aux réseaux existants et garantissant que les personnes impliquées reflètent véritablement la communauté de recherche dans ce domaine. À plus long terme, il est postulé que les nouveaux évaluateurs peuvent devenir membres du comité de rédaction, ces derniers peuvent accéder à des postes plus élevés au sein d’une revue. Lorsque ces appels sont gérés via un système d’édition[32], les éditeurs peuvent rassembler des données sur les personnes qui répondent aux appels et les partager avec les rédacteurs en chef de revues et les partenaires.
 

Contenu publié

Un certain nombre d’études ont fait état d’un déclin général des recherches universitaires publiées rédigées par des universitaires basés en Afrique, notamment une étude de Briggs et Weathers portant sur deux grandes revues d’études africaines. Leurs recherches ont analysé des articles publiés dans African Affairs et Journal of Modern African Studies, révélant que la part des articles rédigés par des universitaires basés en Afrique avait diminué, passant de 25 % en 1993 à 15 % en 2013 (Briggs & Weathers, 2016). L’étude a également révélé que chaque année entre 2005 et 2013, moins de 20 % des articles publiés étaient rédigés par des chercheurs situés en Afrique. Une baisse de 40 % entre la période 1993-2022 et la période 2003-2013 du nombre d’articles publiés par des chercheurs basés en Afrique du Sud a également été soulignée.
En ce qui concerne le contenu attribué aux principales revues d’études africaines de T&F pour les années 2017 à 2023 (en octobre 2023), 75 % des articles publiés étaient classés comme contenu de recherche (de base) et 25 % comme étant spécialisés et professionnels (non essentiels). Les articles de recherche restent le pilier des revues d’études africaines, représentant 68,1 % du contenu publié au cours de la période étudiée. Les critiques de livres représentaient 15,5 % du contenu total et les éditoriaux 3,5 %, les 12,9 % restants étant constitués d’un mélange de types de contenu, chacun contribuant à moins de 2 % du contenu total enregistré[33].

Figure 13. Contenus de recherche publiés par année, de janvier 2017 à octobre 2023.
Source : Article T&F Trends Explorer Tableau de bord Power BI

 

La figure 13 montre qu’un niveau constant de contenu de recherche a été publié dans les revues en études africaines de T&F ces dernières années, avec entre 450 et 500 articles publiés dans les volumes 2017 à 2021. La baisse en 2022 peut s’expliquer en partie par le fait que plusieurs revues n’avaient pas encore terminé leur volume 2022 en octobre 2023. De même, le chiffre pour 2023 est inférieur à ce qu’il serait normalement en octobre car un certain nombre de revues d’études africaines ont publié plusieurs numéros avec du retard sur leur calendrier de production au moment où l’analyse a été faite. Ces retards sont devenus évidents depuis la pandémie, les éditeurs travaillant avec des volumes de soumissions accrus par rapport à la période d’avant 2020 et une difficulté signalée à trouver des évaluateurs disponibles. La figure 14 présente la répartition géographique des auteurs principaux ayant publié du contenu dans les revues d’études africaines de T&F entre janvier 2017 et octobre 2023.

Figure 14. Contenu de recherche publié par pays (auteur principal), volumes de revues 2017 – 2023 depuis le début de l’année.
Source : Tableau de bord Power BI de l’explorateur de tendances de l’article T&F
 
En outre, nous pouvons également analyser la comparaison du contenu publié avec le contenu soumis, les évaluateurs invités et l’utilisation. Les données des éditeurs (figures 15 et 16) montrent que si 65,1 % des articles soumis au cours de la période étudiée avaient un auteur principal basé en Afrique, ce chiffre tombe à 44,5 % des articles publiés.

Pays/

Région

Soumissions (tous les auteurs)

Soumissions (auteur principal)

Contenu de recherche publié

Évaluateurs invités

Usage

Afrique

67,1 %

65,1 %

↓44,5 %

↓47,6 %

↓35,4 %

Afrique du Sud

23,2 %

24,0 %

↑31,2 %

↑30,9 %

↑19,7 %

Nigeria

18,3 %

19,6 %

↓3,0 %

↓5,7 %

↓1,5 %

USA

5,8 %

5,9 %

↑10,5 %

↑11,9 %

↑13,9 %

Éthiopie

5,1 %

5,6 %

↓0,9 %

↓0,6 %

↓1,2 %

Ghana

4,6 %

4,6 %

↓1,5 %

↓1,9 %

↓1,2 %

Royaume-Uni

3,9 %

3,6 %

↑9,7 %

↑13,3 %

↑15,5 %

Zimbabwe

3,4 %

3,0 %

↓1,6 %

↓2,3 %

↓2,1 %

Chine

2,6 %

2,6 %

↓0,5 %

↓0,6 %

→2,6 %

Inde

2,3 %

2,4 %

↓0,5 %

↓0,3 %

→1,8 %

Canada

2,1 %

2,1 %

↑3,1 %

↑3,3 %

↑3,9 %

Inconnu

<0,1 %

<0,1 %

13,8 %

9,7 %

N/A

Figure 15. Comparaison des soumissions, du contenu de recherche publié, des évaluateurs invités et de l’utilisation par les dix principaux pays soumissionnaires, janvier 2017-octobre 2023

Figure 16. Comparaison des soumissions, du contenu de recherche publié, des évaluateurs invités et de l’utilisation pour les dix principaux pays soumissionnaires au cours de la période janvier 2017 –
octobre 2023

 

Conclusion

Pour revenir à la question : qu’avons-nous appris des données de l’éditeur T&F sur l’état du paysage de la recherche en études africaines, et quels apprentissages supplémentaires pourraient être possibles ? J’ai soutenu que les données précises recueillies par les éditeurs peuvent aider les auteurs à faire des choix éclairés concernant les itinéraires de publication et fournir aux équipes éditoriales des données solides pour refléter leurs pratiques et favoriser le dialogue sur les orientations futures des revues. À partir des données des éditeurs T&F, nous constatons qu’il existe actuellement des tendances persistantes de surreprésentation et de sous-représentation dans le paysage de la recherche en études africaines. Il est évident que l’Afrique du Sud, les États-Unis et le Royaume-Uni sont surreprésentés en termes d’articles publiés, d’évaluateurs invités et d’utilisation, par rapport aux niveaux de soumissions des chercheurs basés dans ces pays. Les quatre autres pays africains figurant dans la liste des dix premiers soumissionnaires sont tous sous-représentés, ce qui souligne qu’à l’exception de l’Afrique du Sud les soumissions en provenance d’Afrique deviennent des articles publiés à un taux inférieur à celui des soumissions des régions de l’Ouest et du Nord du monde. On pourrait en déduire que les inégalités en matière de ressources se traduisent souvent par des inégalités au sein de l’édition, les auteurs basés dans des pays dotés d’infrastructures d’enseignement supérieur bien financées étant plus susceptibles de voir des ratios plus élevés d’articles soumis publiés dans des revues réputées. En réfléchissant aux raisons pour lesquelles l’Afrique du Sud est une exception avec ses incitations financières du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation pour la publication dans des revues accréditées, il apparaît que l’écosystème de recherche en Afrique du Sud fonctionne très différemment de celui des autres pays africains ; en effet, un chercheur ghanéen interrogé dans le cadre d’une étude a déclaré qu’il considérait l’Afrique du Sud comme étant à peu près comparable à un pays européen (Mills et al., 2023).
En ce qui concerne les possibilités d’apprentissage, l’édition, comme le monde universitaire, repose sur des relations solides. Les données et la manière dont elles sont communiquées sont fondamentales pour maintenir et développer ces relations. L’analyse et le partage de ces données approfondies permettent à T&F à la fois de mieux comprendre les communautés avec lesquelles elle travaille et de fournir aux éditeurs de revues et aux partenaires de la société une compréhension plus approfondie des modèles au sein de leurs revues, des tendances dans le domaine, ainsi que des perspectives et des changements au-delà de leurs propres réseaux, institutions et régions. Une avancée récente chez T&F est le développement d’outils permettant de suivre les données des articles rejetés, d’analyser les articles rejetés par les revues T&F qui ont ensuite été publiés, et où. Le partage de ces données avec les éditeurs de revues offre aux éditeurs un point de contact leur permettant de suivre les trajectoires des articles rejetés et de réfléchir à leurs pratiques d’évaluation par les pairs. À ce jour, même si nous disposons de chiffres sur les taux de rejet sur dossier et les taux de rejet globaux, les données ne sont pas suffisamment fiables ni suffisamment précises pour permettre de dresser un tableau précis de ce qui motive exactement ces rejets. Sans une meilleure compréhension de ces facteurs, T&F est limitée dans sa capacité à identifier ce dont les auteurs de manuscrits rejetés ont besoin pour les aider à trouver une place pour leurs recherches. Les données enrichies sur les refus offrent la possibilité d’offrir des commentaires plus personnalisés aux auteurs sur la manière d’améliorer leur travail en vue d’être publié. Allant au-delà des décisions de base « rejeter/mal fondé » et « rejeter/inadapté », T&F a récemment testé une liste complète de motifs de rejet avec un petit groupe de revues, avec des catégories distinctes facilitant une analyse et un reporting améliorés, et étant accueillies positivement par les éditeurs prenant part au projet pilote. Si cette fonctionnalité devait être développée et déployée plus largement, les données recueillies pourraient être utilisées pour découvrir des tendances sur les pièges courants liés aux soumissions à une revue particulière et pour éclairer la stratégie de la revue, en particulier s’il existe des tendances démontrables pour un pays ou une région.
Les données des éditeurs analysées dans cette étude établissent une base de preuves confirmant la domination de l’Afrique du Sud dans tous les aspects du paysage de la recherche en études africaines. Tandis que les contributions et l’implication des universitaires sud-africains devraient continuer à être encouragées, l’écosystème de publication des études africaines serait sans équivoque renforcé par une plus grande diversité de voix africaines. Les données révèlent une lacune flagrante de l’écosystème actuel, dans lequel l’Afrique du Sud est souvent synonyme de l’Afrique dans son ensemble et où une grande partie de la représentation africaine provient d’universitaires basés en Afrique du Sud. En tant que tel, il demeure urgent que les équipes éditoriales et les évaluateurs incluent des universitaires de tout le continent africain. Des rapports réguliers utilisant les données des éditeurs garantiront que ces considérations restent au premier plan de la stratégie de la revue, mais de nouvelles approches sont souhaitables afin de parvenir à une représentation diversifiée. En plus d’appliquer des conditions définies pour les rédacteurs et les membres du comité de rédaction afin d’assurer une rotation de la diversité de pensée et d’expérience au sein des équipes décisionnelles des revues, des actions telles que des appels ouverts à des rédacteurs – accompagnées d’appels à des membres du comité de rédaction et des évaluateurs – sont une étape pour rendre les communautés de revues plus accessibles et les processus de recrutement plus transparents. Des pratiques telles que le modèle du troisième évaluateur[34] aident à amener les chercheurs dans l’écosphère de l’édition dès le début de leur carrière universitaire, tandis que des initiatives telles que la Journal Work Academy, développée par Carli Coetzee, ne visent pas seulement à former la prochaine génération d’éditeurs basés en Afrique, membres du comité de rédaction et évaluateurs, mais à construire une communauté durable et un réseau de soutien pour ces jeunes chercheurs engagés[35].
Il est essentiel que les éditeurs soient à l’écoute des communautés de recherche dont ils font partie et qu’ils agissent en fonction de ce qui leur est exprimé. Les éditeurs apprennent continuellement, sont mis au défi et adaptent leurs processus et leurs approches. L’enquête et les groupes de discussion contribuant au livre blanc de T&F de 2015 sur l’évaluation par les pairs ont indiqué l’appel des chercheurs à une plus grande transparence autour de l’évaluation par les pairs et à ce que les éditeurs affichent le délai d’évaluation par les pairs en ligne. Deux facteurs principaux ont contribué au développement d’un onglet de mesures accessible au public pour chaque revue publiée chez T&F : les commentaires des chercheurs issus de l’enquête et des groupes de discussion, et l’intention de devenir signataire de DORA. Ces indicateurs de délai d’exécution sont mis à jour sur la page d’accueil des revues tous les six mois, afin de garantir que les chercheurs qui souhaitent soumettre leurs articles disposent d’un aperçu en temps réel. Avant que T&F ne signe DORA, l’éditeur devait s’assurer que ses systèmes et ses rapports soutenaient les engagements qu’il prenait en tant que signataire. La définition et la planification du redéveloppement des systèmes et des outils peuvent signifier que les réactions des éditeurs à l’évolution rapide du paysage de la recherche peuvent paraître retardées ou prolongées, tandis que le respect de la confidentialité des données et du RGPD peut signifier que les éditeurs ne sont pas en mesure de partager autant de données, ou des données que la communauté des chercheurs aimerait idéalement voir. Au-delà de DORA, la Déclaration de Barcelone sur l’information ouverte sur la recherche a récemment été lancée et a été signée à ce jour par un certain nombre d’institutions, de bailleurs de fonds de la recherche et d’autres organisations. L’un des engagements clés soulignés par la Déclaration est l’exigence de rendre les informations de recherche (métadonnées) générées dans les processus de publication librement disponibles via des infrastructures scientifiques ouvertes, en utilisant des protocoles et des identifiants standards lorsqu’ils sont disponibles. Alors que T&F et d’autres éditeurs ont fait des progrès ces dernières années en rendant publique une série de métadonnées, T&F continue d’évaluer les opportunités et les possibilités de partage supplémentaire de données avec les communautés de recherche dans lesquelles elles sont intégrées. Avec l’expansion du libre accès et de la recherche ouverte, et les débats sur la manière dont la technologie et les outils d’intelligence artificielle peuvent ou pourraient être utilisés au sein de l’écosystème de recherche, il est clair que les données continueront d’être un élément essentiel aussi bien pour les éditeurs que pour les chercheurs, pour naviguer dans le paysage en constante évolution des études africaines et de l’édition universitaire plus largement.

Annexe 1 : 15 revues de T&F Core African Studies, octobre 2023

Titre

Composition de l’équipe éditoriale[36]

Situation(s) géographique(s) de l’équipe éditoriale

Système de soumission

 

Propriétaire/Affiliation

African and Black Diaspora (ABD)

Éditeurs

USA

Oui

T&F

African Studies

Éditeurs

Nigeria, Afrique du Sud

Oui

Université du Witwatersrand

Canadian Journal of African Studies (CJAS)

Rédacteur coordonnateur, directeur d’édition, rédacteurs, éditeurs de critiques de livres

Belgique, Canada, Royaume-Uni, Afrique du Sud

Oui

Canadian Association of African Studies (CAAS)

Critical African Studies (CrAS)

Coprésidents, éditeurs

Afrique du Sud, Royaume-Uni

Oui

Centre of African Studies (CAS), université d’Edimbourg

Development Southern Africa (DSA)

Éditeurs, rédacteurs associés

Finlande, Afrique du Sud

Oui

Government Technical Advisory Centre (GTAC)

International Journal of African Renaissance Studies (IJARS)

Rédacteur en chef, rédacteurs adjoints, éditeur de critiques de livres

Afrique du Sud

Oui

UNISA copublication

Journal of African Cultural Studies (JACS)

Éditeur

Royaume-Uni

Oui

International African Institute (IAI)

Journal of Contemporary African Studies (JCAS)

Rédacteur en chef, coéditeurs, éditeur de critiques de livres

Belgique, Île Maurice, Nigeria, Norvège, Afrique du Sud

Oui

Institute of Social and Economic Research (ISER), université Rhodes

Journal of Eastern African Studies (JEAS)

Directeur d’édition, éditeur

France, Royaume-Uni, USA

Non

T&F [British Institute in Eastern Africa (BIEA)]

Journal of Southern African Studies (JSAS)

Coprésidents, rédacteur principal, éditeurs, éditeur de critiques de livres

Afrique du Sud, Royaume-Uni

Non

JSAS Editorial Board

Journal of the Indian Ocean Region (JIOR)

Rédacteur en chef, éditeurs, rédacteurs associés, éditeur de mise en service, éditeur de critiques de livres

Australie, Canada, Inde

Oui

Indian Ocean Research Group, Inc. (IORG)

Politikon

Éditeur, rédacteurs associés

Afrique du Sud

Oui

South African Association of Political Studies (SAAPS)

Review of African Political Economy (RoAPE)

Président, vice-président, éditeurs, rédacteur Afrique, éditeur de briefings et de débats

Ghana, Royaume-Uni

Oui

RoAPE Ltd.

Safundi

Rédacteur principal, coéditeurs

Canada, Irlande, Afrique du Sud, Émirats arabes unis

Oui

T&F

Social Dynamics

Éditeur, rédacteur associé

Afrique du Sud

Oui

T&F



Notes

[1] Voir https://scholarlykitchen.sspnet.org/2018/02/06/focusing-value-102-things-journal-publishers-2018-update/ pour un aperçu de la gamme de services fournis par les éditeurs universitaires.

[2] Voir https://openresearchafrica.org/

[3] Voir https://books.openbookpublishers.com/10.11647/obp.0363.08.pdf

[4] Journal of Marketing Management (2018), 34(5-6). https://www.tandfonline.com/toc/rjmm20/34/5-6

[5] Voir https://editorresources.taylorandfrancis.com/welcome-to-tf/policies-guidelines/streamlining-how-we-describe-research-outputs/

[6] L'expression « publier ou périr » décrit la pression que peut ressentir un universitaire pour publier ses recherches dans des revues spécialisées afin de faire progresser sa carrière et d'être considéré comme performant.

[7] Voir https://authorservices.taylorandfrancis.com/editorial-policies/misconduct/ 

[8] Voir https://united2act.org/

[9] Sur 9 180 répondants.

[10] L’exception est la South African National Library and Information Consortium (SANLIC), qui a conclu des accords de Recherche et Publication (R&P) avec de nombreux éditeurs.

[11] ScholarOne Manuscripts (S1M) est le système le plus couramment utilisé par les revues de T&F, certaines revues utilisant Editorial Manager (EM). 13 des 15 revues d'études africaines de T&F utilisent un tel système, mais une revue est passée à un système au milieu de l'année 2017, une autre a commencé à utiliser un système en 2018, et une autre en 2020, de sorte que les données complètes de janvier 2017 à aujourd'hui ne sont disponibles que pour 10 des 15 revues du portefeuille.

[12] Parmi les 46 types d’articles disponibles dans les systèmes T&F, 19 sont classés comme contenu de recherche (de base) et 27 sont classés comme contenu spécialisé et professionnel (non essentiel). Le contenu spécialisé et professionnel est généralement plus court que la plupart des contenus de recherche. Les critiques de livres sont les plus courantes, suivies par les éditoriaux et l’introduction, cette catégorie s’appliquant également à des ouvrages tels que des interviews et des nécrologies.

[13] La liste des études régionales T&F rassemble les segments des études africaines, américaines, asiatiques, australasiennes, centrasiatiques, russes et d’Europe de l’Est, européennes, hispaniques et latino-américaines et du Moyen-Orient. L’équipe T&F Area Studies compte trois gestionnaires de portefeuille basés au Royaume-Uni, avec des gestionnaires de portefeuille en Australie, en Chine, en Inde, au Japon, en Afrique du Sud, en Suède et aux États-Unis, gérant des revues dont les principaux rédacteurs sont basés dans ces pays ou ces régions. Par exemple, six des quinze principales revues d’études africaines ont été transférées début 2017 à des collègues basés au Cap, en plus de tous les titres copubliés par Unisa Press et NISC.

[14] Ce chiffre s’ajuste pour les revues qui comportent plusieurs notices en raison de changements de titre ou de sous-titres, ou qui ne sont plus publiées par T&F.

[15] Il est difficile d’identifier des chiffres exacts, car la plupart des éditeurs n’ont pas de taxonomie des sujets d’études africaines sur leur plateforme, ces revues étant classées dans d’autres domaines.

[16]  Facteur d’impact des revues.

[17] Pour un historique complet de ces index, voir https://clarivate.com/the-institute-for-scientific-information/history-of-isi/

[18] Clarivate calcule également un JIF™ annuel sur cinq ans pour les revues du JCR™, en utilisant une fenêtre de citation plus large. Comme le contenu publié dans les revues d’arts, de sciences humaines et sociales (AHSS) est souvent cité sur une période plus longue, le JIF™ de cinq ans pour certaines revues SSCI™ est parfois plus élevé que leur JIF™ de deux ans.

[19] Articles de recherche, articles de synthèse et comptes rendus. Pour les autres types de contenu de recherche, Clarivate examine au cas par cas s’il convient de les compter comme éléments sources.

[20] Voir https://clarivate.com/products/scientific-and-academic-research/research-discovery-and-workflow-solutions/webofscience-platform/web-of-science-core-collection/editorial-selection-process/editorial-selection-process/

[21] Voir https://editorresources.taylorandfrancis.com/peersupport/taylor-francis-signs-dora/

[22] Voir https://editorresources.taylorandfrancis.com/understanding-research-metrics/esci/

[23] Journal of Asian and African Studies et African and Asian Studies.

[24] La Journal of North African Studies (JNAS) comprend des représentants au sein de son comité de rédaction d’universitaires situés au Maroc, mais il n’est pas inclus dans cette étude car il est géré dans le cadre de la liste T&F Middle Eastern Studies.

[25] 11 des principales revues d’études africaines (73 %) accueillent des articles portant sur n’importe quelle région de l’Afrique, tandis que quatre ont une orientation régionale spécifique (27 %) – Journal of Eastern African Studies, Journal of Southern African Studies, Journal of the Indian Ocean Region et Safundi.

[26] Voir l’annexe 1 pour une vue d’ensemble des rôles définis ici dans le cadre de l’« équipe éditoriale ».

[27] Voir : https://www.research4life.org/access/eligibility/

[28] https://authorservices.taylorandfrancis.com/star/

[29] Voir https://authorservices.taylorandfrancis.com/editorial-policies/misconduct/

[30] Voir https://www.insidehighered.com/news/quick-takes/2024/05/15/wiley-shutter-19-journals et https://www.wiley.com/en-us/network/publishing/research-publishing/open-access/hindawi-publication-manipulation-whitepaper

[31] Voir https://editorresources.taylorandfrancis.com/managing-peer-review-process/best-practice-guidelines-for-peer-review/

[32] Voir https://editorresources.taylorandfrancis.com/editor-recruitment/

[33] Voir https://editorresources.taylorandfrancis.com/editor-recruitment/

[34] Voir https://editorresources.taylorandfrancis.com/peersupport/introduction-third-reviewer-model/

[35] Voir https://asauk.net/writing-workshops/journal-work-academy/

[36] Pour les besoins de cette étude, j’ai classé les postes suivants comme appartenant à l’équipe éditoriale principale, plutôt qu’à un comité de rédaction ou un comité consultatif : rédacteur pour l’Afrique, rédacteur adjoint, rédacteur de critiques de livres, rédacteur de briefings et de débats, président, coprésident, éditeur de mise en service, rédacteur coordonnateur, vice-président, rédacteur adjoint, rédacteur, rédacteur en chef, rédacteur principal, directeur d’édition. Ces postes impliquent une certaine forme de prise de décision, la plupart s’occupant également de l’examen par les pairs des candidatures.

 

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Pour citer l'article :

APA 

Markey, M. H. (2024). Études africaines : les données des éditeurs pour comprendre le paysage de la recherche. Global Africa, (7), pp. 180-206. https://doi.org/10.57832/v37m-sp19 


MLA 

Markey, M. H. "Études africaines : les données des éditeurs pour comprendre le paysage de la recherche". Global Africa, no. 7, 2024, p. 180-206. doi.org/10.57832/v37m-sp19 


DOI 

https://doi.org/10.57832/v37m-sp19 


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