Toutes les générations partagent un sentiment de l’inouï, mais nous, Africain.e.s, qui sommes entré.e.s dans le vingtième siècle avant le reste du monde par les portes opposées de la liberté et de la sidération, qui affrontons l’approfondissement radical de toutes les inégalités, l’irruption continue de l’inédit, mais aussi de l’espérance, alors même que les anciennes questions demeurent présentes, sommes mis au défi de penser et de construire les futurs que nous désirons pour l’Afrique et la Planète. Les seules options viables seront celles qui mettront le courage, la liberté et la vérité, ces conquêtes permanentes, au cœur des nouveaux contrats sociaux.
Toutes les générations partagent un sentiment de l’inouï, mais nous, Africain.e.s, qui sommes entré.e.s dans le vingtième siècle avant le reste du monde par les portes opposées de la liberté et de la sidération, qui affrontons l’approfondissement radical de toutes les inégalités, l’irruption continue de l’inédit, mais aussi de l’espérance, alors même que les anciennes questions demeurent présentes, sommes mis au défi de penser et de construire les futurs que nous désirons pour l’Afrique et la Planète. Les seules options viables seront celles qui mettront le courage, la liberté et la vérité, ces conquêtes permanentes, au cœur des nouveaux contrats sociaux.
L’humanité a rarement eu autant de possibilités pour transformer l’existence matérielle des hommes et des femmes dans le contexte de la révolution technologique et numérique, mais nous n’avons jamais été aussi proches de toutes les limites. L’attention soutenue qu’exige la compréhension de ces possibles et de ces défis et les temporalités qu’engagent la saisie des futurs du continent, la compréhension et la traduction concrète des aspirations des multitudes et des individus sur le continent et dans la diaspora, le décodage des quotidiens qu’ils inventent, sont une partie des axes essentiels qui ont motivé la mise en place de la revue Global Africa.
Ce projet transdisciplinaire et transnational, situé aux intersections entre l’Afrique et ses rencontres avec le monde, est le résultat de nombreuses années de réflexion critique et d’initiatives de transformation du savoir visant à régénérer l’Afrique et les savoirs africains. Sa genèse est le produit de multiples rencontres heureuses, de débats contradictoires sur le rôle et la place de la recherche et du savoir dans les réponses aux défis africains et globaux, sur la réflexivité critique qui permet de renforcer les fondements épistémologiques, théoriques, méthodologiques et déontologiques de la recherche africaine/africaniste, et sur les conditions d’une pensée véritablement libre sur le Continent et dans le monde.
Ses fondateurs ont pris au sérieux l’importance de surmonter certaines des fissures géographiques, linguistiques, disciplinaires et idéologiques qui ont empêché ou distrait le continent de se défaire de certains des liens abusifs qui ont longtemps défini la relation de l’Afrique avec le monde et, ironiquement, avec elle-même. En tant qu’espace qui positionne les principes d’érudition conviviale, d’incomplétude et d’interdépendance comme piliers centraux de la coproduction de connaissances scientifiques, Global Africa s’appuie sur une politique d’ouverture assumée :
– ouverture vers des contributeurs de toutes origines, disciplinaires comme intellectuelles ; un accent particulier sera porté sur les jeunes chercheur.e.s,
– ouverture en direction de thématiques prioritaires pour le continent, dont les paradigmes seront repensés ;
– ouverture vers les arts et les savoirs endogènes,
– ouverture vers des utilisateurs des connaissances produites (acteurs des sociétés civiles, militants et décideurs politiques, secteur privé, citoyen.ne.s),
– et ouverture, enfin, vers les langues africaines mobilisées comme langues de recherche et de travail. La revue adopte donc le français, l’anglais, l’arabe et le swahili (et, nous l’espérons, bientôt d’autres langues africaines) comme langues de publication concourant à mettre fin à l’exclusion intellectuelle.
La conviction de Global Africa est que ces ouvertures seront d’autant plus légitimes qu’elles seront fondées sur des savoirs produits et validés au travers des meilleurs standards académiques. En vue de renforcer l’écosystème de la publication de savoirs scientifiques en Afrique, les textes publiés par Global Africa répondront à une exigence majeure : investir des sujets qui font progresser les connaissances, la compréhension du réel, dans un champ, qu’il soit disciplinaire ou thématique, cela à partir de constructions théoriques et conceptuelles, ainsi que de données empiriques solides, éprouvées.
Nous cherchons, ce faisant, à corriger la marginalisation de la recherche et des publications de l’Afrique dans la production scientifique internationale, alors même que le Continent est un lieu exemplaire de l’enchevêtrement des enjeux locaux, nationaux, communautaires et transnationaux – par les innovations et tensions qui s’y repèrent. Une telle ambition impose de fournir une tribune exigeante, rigoureuse, aux voix des chercheur.e.s africain.e.s et à celles de toutes les recherches qui contribuent à repenser l’Afrique et le monde à partir de l’Afrique pour en décrire et en penser les trajectoires.
Global Africa se veut aussi une communauté panafricaine d’aspirations, vibrante, dans laquelle entre qui veut habiter un espace qui n’est pas sans contraintes, mais où il ne perdra pas son âme. C’est armés de ces aspirations que nous voudrions penser le siècle qui est là en écoutant d’abord et surtout les voix et les vibrations de la jeunesse intellectuelle du continent et de la diaspora.
Mame Penda BA
rédactrice en cheffe
Téléchargement de la revue
Les membres du consortium Global Africa - l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB, Sénégal), l’Institut de recherche pour le développement (IRD, France), le Laboratoire d'études et de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL, Bénin/Niger) et l’Université Internationale de Rabat (UIR, Maroc) – lancent le numéro inaugural de la revue Global Africa, aujourd'hui, 10 mars 2022. Huit contributions originales publiées en quatre langues (anglais, arabe, français et swahili) et disponibles sur le site de la revue et du programme Global Africa, présentent les points de vues et analyses d'auteurs tels que Cecelia Lynch, Felwine Sarr, Fatima Sadiqi, Walter Mignolo, Giulia Bonacci, sur des thématiques et des champs de recherche aux paradigmes repensés. Cette nouvelle revue se révèle d’ores et déjà comme le creuset des recherches qui contribueront à repenser le continent africain et le monde à partir de l’Afrique pour en décrire et en analyser les trajectoires face aux défis planétaires. Consultez ce premier numéro ici. Bonne lecture !
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